Vallée de l'Iton au lieudit Le Hom

D'une surface de 31 ha, ce petit site a été désigné en 2011 pour protéger un amphibien : le crapaud Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata). C'est l'unique station connue du Sonneur en Normandie et dans tout le grand Ouest.

© P. Flambard

Situé en fond de vallée, dans le lit majeur de l'Iton, le site comprend des prairies pâturées par des bovins ou des chevaux, des friches et des boisements humides en marge des zones habitées du hameau Le Hom sur la commune de la Vacherie. L'habitat le plus remarquable est le bois tourbeux à aulnes et frênes au lieudit La Poule d'eau.

Le site est traversé du nord au sud par l'ancienne ligne de chemin de fer reliant Évreux à Rouen. L'ancienne gare, en cours de restauration, est incluse dans le site. 17 points d'eau permanents (mares et une résurgence) sont présents. Ils ont ou avaient une fonction d'abreuvoir pour le bétail, l'agriculture étant l'activité principale exercée sur ce territoire.

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En Normandie, le Sonneur à ventre jaune était connu jadis mais a toujours été assez rare. L'espèce, plutôt continentale, se trouve ici en position isolée. Avant sa redécouverte récente sur le site, la dernière donnée historique dans l'Eure signale une capture en 1933.

En 2001, le sonneur est découvert sur le site du Hom.

En 2004, une étude naturaliste permet de localiser une dizaine d'individus dans trois mares, mares ayant en commun d'être régulièrement curées. C'est ainsi qu'en 2006 le site du Hom est proposé pour intégrer le réseau Natura 2000.

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En 2008, l'État confie au cabinet Peter Stallegger une étude préliminaire pour réaliser les inventaires et proposer des objectifs de gestion.

De fait, l'espèce a été contactée tous les ans depuis sa découverte en 2001 dans quatre mares et une flaque avec des chanteurs entendus le plus souvent dans la deuxième quinzaine de mai. Les observations menées depuis 2008 prouvent que l'espèce se reproduit avec beaucoup de succès malgré des points d'eau à priori peu favorables à l'espèce.

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En 2012, la population avoisine environ 25 à 30 individus. Le seuil d'une population viable est estimé à 50 individus reproducteurs. Des prospections en marge du site sur la vallée de l'Iton en 2012 n'ont pas décelé d'autres présences de l'espèce.

Ce crapaud de petite taille, moins de 5 cm à l'âge adulte, a la pupille en forme de cœur et le ventre brillamment coloré de jaune. Chaque adulte a un « patron » ventral unique qui permet de le distinguer à vie des autres. Il sort tardivement d'hibernation, pas avant la mi-avril, et se reproduit à l'été, entre mai et août. Une femelle pond en moyenne 60 œufs. Il peut y avoir jusqu'à quatre pontes dans la saison. Le développement larvaire dépend, entre autres, de la température de l'eau et de la disponibilité en nourriture. Le Sonneur craint la concurrence des autres amphibiens. De ce fait, il est connu avant tout dans les ornières forestières et les points d'eau plus ou moins temporaires, peu profonds, ensoleillés et régulièrement curés. Une fois adulte, il n'a pratiquement pas d'ennemis et peut vivre assez longtemps, probablement plus de 15 ans.

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En France, le Sonneur est protégé comme la plupart des batraciens par l'arrêté du 19 novembre 2007. Il bénéficie d'une protection étendue aux milieux de reproduction, de repos et d'hivernage. Il est inscrit sur la liste rouge française avec le statut d'espèce vulnérable.

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Le site s'étend sur une partie du territoire d'une seule commune, la commune de la Vacherie. Le régime de propriété des parcelles en Natura 2000 est essentiellement privé.

Les principaux risques pour ce petit crapaud sont l'abandon de l'élevage avec disparition des mares et l'urbanisation, mais celle-ci est maintenant proscrite dans la carte communale de la Vacherie.

La communauté d'agglomération Seine-Eure a rédigé le document d'objectifs et assure aujourd'hui l'animation du site.
Les orientations de gestion pour protéger et développer la population du Sonneur à ventre jaune sont détaillées dans le document d'objectifs.

Elles consistent principalement à :

  •  préserver et reconstituer les mares, habitats du sonneur ;
  •  maintenir l'élevage et préserver les prairies ;
  •  maintenir les haies et les boisements alluviaux en bordure des principaux cours d'eau ;
  • améliorer les connaissances et le suivi de la population du Sonneur.

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Le Sonneur fait l'objet d'un plan national d'actions, le document d'objectifs du site en est une déclinaison régionale.

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Le site du Hom étant un milieu à dominante humide, il est en majeure partie en zone inondable, les actions pour préserver le Sonneur sont aussi favorables aux odonates, espèces qui font également l'objet d'un plan national d'actions.

Une première action pour préserver le Sonneur a été mise en œuvre en 2011 sur une parcelle acquise par la communauté d'agglomération Seine Eure. L'aménagement a consisté à rétablir une prairie pâturée sur un terrain en cours d'enfrichement, laisser une partie en forêt pouvant servir de refuge et creuser une mare.

Plusieurs agriculteurs ayant des parcelles agricoles en prairie ont contractualisé des mesures agro-environnementales, favorables à la biodiversité et en particulier à l'espèce. Les quatre mares principales font l'objet d'opérations de curage.

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Le comité de pilotage rassemble de nombreux partenaires qui sont associés à la gestion du site. Par le relais des collectivités, la population a été informée de la présence historique et patrimoniale de l'espèce sur ce secteur.

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Fiche d'identité du site

Liens utiles

Ministère de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement

Inventaire national du patrimoine naturel 
(attention, les données indiquées n'intègrent pas encore le suivi et l'animation récents du site)

DREAL Haute-Normandie

Communauté d'agglomération Seine Eure

Mise à jour des données : août 2013