Les terrasses alluviales de la Seine

Les terrasses alluviales de la Seine ont été désignées au titre de la directive « Oiseaux » zone de protection spéciale en 2006 pour la présence d’un oiseau menacé de disparition, l’œdicnème criard et de nombreux oiseaux d’eau.

oedicneme criard © F. Malvaud

Le site, de près de 3700 hectares, s’étend sur plusieurs boucles de la Seine, entre Criquebeuf-sur-Seine à l’ouest et Notre-Dame-de-l’Isle à l’est. Il recouvre partiellement les sites « Boucles de la Seine amont, d’Amfreville à Gaillon » et « Iles et berges de la Seine dans l’Eure », désignés au titre de la directive « Habitats, faune, flore ».

Les terrasses ont été façonnées par le fleuve lors des grandes modifications climatiques du Quaternaire. Elles sont en partie couvertes par des carrières d’extraction des granulats.

Bien que situés dans le lit majeur de la Seine, les milieux naturels des terrasses sont relativement peu humides du fait des capacités drainantes des alluvions. Les pelouses sur sables correspondent ainsi à l’habitat de référence.

Les milieux secs des terrasses présentent un intérêt majeur : c’est sur ces terrains caillouteux, à même le sol, que niche l’œdicnème criard. Ses œufs se confondent avec de simples cailloux. Les recensements de 2010 font état d’une trentaine de couples. Ces terrasses sont une des zones les plus importantes pour l’espèce au Nord de la Loire. Sur ces milieux, on rencontre également le petit gravelot et sur les zones plus embroussaillées, l’engoulevent d’Europe et la pie-grièche écorcheur.

L’exploitation par les carriers est à l’origine de nombreux plans d’eau artificiels et de zones caillouteuses. Ces lacs et étangs attirent les oiseaux d’eau, essentiellement dans les boucles de Poses, de Bernières-Tosny et de Courcelles-Bouafles. De même, les terrains caillouteux créés par l’extraction de granulats, jouent pour l’œdicnème criard le rôle des anciennes pelouses sèches. L’hirondelle de rivage fréquente certains sites d’extraction.

Les terrasses sont une zone d’intérêt national pour des oiseaux d’eau hivernants ou migrateurs comme le fuligule milouin, le fuligule morillon, le foulque macroule, le garrot à œil d’or, le pluvier doré, le vanneau huppé ou de nombreuses espèces d’anatidés.

La vallée de la Seine est un axe migratoire reconnu et bien observé. Durant ces 40 dernières années, près de 150 espèces d’intérêt communautaire ont été vues sur le site sur les 297 espèces recensées.

On distingue :

  •  les espèces listées à l’annexe I de la directive « Oiseaux » faisant l’objet de mesures de conservation de leurs habitats afin d’assurer leur survie et leur reproduction ;
  •  et les espèces de l’article 4.2 de la directive « Oiseaux » concernant les espèces migratrices régulières.

Afin d’affiner les enjeux pour la conservation des oiseaux, les espèces ont été hiérarchisées puis classifiées par habitats.

La hiérarchisation des espèces s’est faite sur la base des critères suivants :

  •  présence régulière ;
  •  statut de présence (reproduction, hivernage ou halte migratoire) ;
  •  vulnérabilité (en danger, vulnérable, rare, en déclin, à surveiller, en sécurité, inconnu) ;
  •  représentativité à l’échelle nationale.
    Elle a permis de distinguer 29 espèces majeures sur lesquelles porteront en priorité les actions de conservation.

Les espèces ont ensuite été regroupées par habitats :

  •  milieux secs (œdicnème criard, petit gravelot, fuligule morillon, engoulevent d’Europe) ;
  •  roselières (butor étoilé, blongios nain) ;
  •  vasières (échassiers) ;
  •  herbiers aquatiques aux abords des étangs (grèbes, foulques, poules d’eau attachant leurs nids flottants aux herbiers) ;
  •  berges abruptes (hirondelle de rivage, martin pêcheur) ;
  •  cultures et prairies (zones d’alimentation pour nombre d’oiseaux) ;
  •  bois humides (pic noir qui niche dans les bois sénescents, hérons qui construit son nid au sommet des arbres) ;
  •  plans d’eau de plus de 2 mètres de profondeur sur lesquels hivernent les canards pour se nourrir et se reposer.

L’enjeu de ce site soumis à une pression urbaine, industrielle et touristique importante sera de préserver la tranquillité des oiseaux et de limiter ce qui leur est défavorable : embroussaillement des pelouses, envahissement des berges, absence de variation de niveau d’eau, espèces exotiques envahissantes (bernache du Canada, pélican blanc), destruction des bandes enherbées dans les cultures, disparition des haies, pollution des eaux des étangs, traitements phytosanitaires et vétérinaires qui fragilisent les ressources alimentaires.

18 communes ont une partie de leur territoire dans le site. Le régime de propriété des parcelles en Natura 2000 est essentiellement privé.

Le document d’objectifs, élaboré par le Conseil général de l’Eure, a été approuvé en septembre 2012. La communauté d’agglomération Seine-Eure a été désignée structure porteuse pour le suivi et la mise en œuvre du document d’objectifs.

Document d'objectifs :

Le comité de pilotage rassemble de nombreux partenaires qui ont été associés à la rédaction du DOCOB et qui seront associés à sa mise en œuvre.

Les objectifs portent essentiellement sur le maintien, la restauration et la gestion des milieux de vie des oiseaux.

Fiche d'identité du site

Liens utiles

Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie

Inventaire national du patrimoine naturel

DREAL Haute-Normandie

Communauté d'Agglomération Seine-Eure

Centre Régional de la Propriété Forestière de Normandie

Mise à jour des données : juin 2014