À la rencontre des militaires de la Maison de la Protection des Familles

Les violences aux personnes connaissent depuis quelques années une évolution significative liée notamment au développement préoccupant des violences intrafamiliales (VIF). Ainsi, dans l’Eure, 1 intervention sur 10 de la gendarmerie est liée à ce type de violences. Pour faire face à ce phénomène, la direction générale de la gendarmerie a décidé d’instaurer au niveau départemental des structures dédiées : les maisons de la protection des familles. A Évreux, elle est composée de 5 militaires experts. Rencontre.

Le colonel Emmanuel Gros, commandant du groupement de gendarmerie départementale de l’Eure en est certain : « la maison des familles est à la croisée des chemins des bonnes pratiques ». En effet, cette petite unité de 5 militaires, commandée par l’adjudante-chef Claire Caens a été parfaitement identifiée par l’ensemble des acteurs du département comme un interlocuteur de choix dans le cadre de la lutte contre les violences intrafamiliales.

Un appui judiciaire renforcé

Ces dernières années, les tabous autour des violences subies dans le cercle familial ont été progressivement levés. La parole des victimes s’est libérée, provoquant une augmentation des plaintes et signalements pour ce type de faits. Face à une attente forte des victimes sur la réponse pénale à l’encontre des agresseurs, la maison de la protection des familles apporte son expertise aux unités territoriales. Fait rare au niveau national, les 5 militaires eurois de la MPF sont officiers de police judiciaire. Ils peuvent ainsi proposer, 24 h sur 24 et 7 jours sur 7 et sur l’ensemble de la zone gendarmerie, leur savoir-faire dans le domaine de l’audition des victimes. Ainsi, en 2021, ce sont pas moins de 210 auditions qui ont été effectuées par la MPF euroise, en grande partie des mineurs.

En effet, pour accueillir les victimes mineures, les gendarmes eurois de la MPF sont de véritables experts : tous sont formés au protocole NICHD, référence internationale pour l’audition des enfants de 4 à 12 ans et ils sont capables de s’adapter à toutes les situations. Ainsi, lorsque les jeunes victimes sont trop impressionnées, ils n’hésitent pas à troquer leur uniforme contre une tenue civile.

Assurer la formation des gendarmes de l’Eure

Parmi les missions de la MPF, la formation occupe également une place importante. L’objectif est clair : l’ensemble des militaires du groupement en contact avec le public doivent être formés à l’accueil des victimes de violences intrafamiliales. Parmi les outils nationaux mis à la disposition des agents, une grille d’évaluation des signaux d’alerte, fruit des travaux du Grenelle des violences conjugales. Les militaires du MPF l’assurent, il s’agit d’un « outil pratique qui permet d’évaluer rapidement le degré d’urgence d’une situation, afin d’y apporter une réponse adaptée », et surtout, les 23 questions permettent « de ne rien oublier ».

À ce jour, ce sont 478 militaires eurois qui ont été formés par les militaires de la maison de la protection des familles.

Un travail partenarial

De nombreux acteurs sont mobilisés autour de la lutte contre les violences intrafamiliales et la MPF se positionne comme un acteur privilégié de ce réseau. Ainsi, ses agents prennent part aux réunions des réseaux VIF du département, mettent en place des actions de prévention et montent des partenariats avec toutes les associations du territoire, comme l’ABRI, l’ADAEA ou encore le CIDFF, afin de s’assurer que les victimes soient accompagnées tout au long de leur parcours.