Etangs et mares des forêts de Breteuil et de Conches

Le site, créé en 2007, était constitué d’un étang, d’une mare de village, d’un bois alluvial sur les berges de l'Iton et de seulement 3 mares forestières pour un massif de 15 000 hectares. Pour mieux prendre en compte toute la richesse des mares des forêts de Breteuil et de Conches, le périmètre du site a été modifié en 2012 et étendu à 11 nouvelles mares. Il couvre une superficie de 120 hectares et a été désigné zone spéciale de conservation par  arrêté du 04 janvier 2017.

Des habitats humides d’intérêt communautaire sont présents sur le site ainsi qu’une espèce végétale d’intérêt communautaire, le Flûteau nageant (Luronium natans (L) Rafin.).

Les 12 mares forestières qui composent désormais le site appartiennent à des propriétaires privés à l’exception de la mare du bois Hobey, située en forêt domaniale sur la commune des Baux-de-Breteuil. Créée en 2000 par l’O.N.F. pour assainir la place du Rond d’Orléans, cette mare pionnière de 400 m², très ensoleillée, abrite d’importants herbiers à characées.

Mare du bois Hobey en 2012 © DDTM 27

 Les autres mares forestières du site accueillent de nombreuses espèces végétales remarquables et une des mares abrite la plus belle station de Flûteau nageant de Normandie.

Flûteau nageant en fleur © DDTM 27

Les trois mares de village du site présentent aussi une belle diversité végétale. La mare communale de la Délogerie dispose en son centre d’un herbier d’environ 10 m² à Myriophylle à fleurs alternes (Myriophyllum alterniflorum DC.), plante rare et vulnérable en Normandie. Par ailleurs elle abrite un herbier à Nitella, ces herbiers sont exceptionnels pour la région.

Mare de la Délogerie en 2013 © DDTM 27

La mare de l’église de Nagel-Séez-Mesnil abritait une belle station d’Utriculaire citrine, plante carnivore rare et protégée qui n’a pas été revue depuis 2013.

L’étang de la Pierre blanche se situe au cœur d’une forêt privée de 3 000 hectares où se pratique la chasse au sanglier et au chevreuil. L’étang est vaste, 18 hectares, de forme oblongue, aux contours indécis du fait de la variation du niveau des eaux. Il est alimenté par les rus qui coulent dans la forêt. L’étang sert à irriguer les cultures avoisinantes de maïs ou de blé. À l’été, lorsque le niveau de l’eau a baissé, c’est un gazon de littorelles, plantes aquatiques de couleur nacrée dont la présence est exceptionnelle en Haute-Normandie. La variation du niveau des eaux et un sol pauvre, mélange d’argile et de sable, sont à l’origine de la richesse du milieu en diversité végétale. Depuis 2015, la jussie, espèce exotique envahissante, s’est fortement développée et recouvre une grande partie des berges. Elle est présente sur la zone à Littorelles. Ce développement pourrait s’expliquer par le fait d’étés pluvieux, le prélèvement en eau pour irriguer le maïs aurait été moindre or le marnage, nécessaire à l’expression des plantes amphibies (Litorelles) contrôlait la colonisation de la Jussie. La Littorelle n’a pas été revue en 2015, le niveau d’eau élevé recouvrant l’habitat.

Étang de la Pierre blanche en 2012 © F. Drouard

Dans le parc urbain de Breteuil, le long de l'Iton, se trouve un autre habitat d’intérêt communautaire, la forêt alluviale. C’est une forêt d’aulnes et de frênes, les bas des troncs sont immergés, le sol est tourbeux. On y trouve la rarissime fougère des marais (Thelypteris palustris Schott) et la grande douve (Ranunculus lingua L.) mais aussi du cassis à l’état naturel. Cette forêt, de belle taille et très marécageuse, est un exemple rare en Normandie. Elle permet de réguler les eaux et d’en améliorer la qualité. Elle joue un rôle important dans la fixation des berges.

Bois de Breteuil © F. Drouard

Les mares et le bois alluvial sont très sensibles aux interventions extérieures de toutes sortes du fait de leur superficie relativement faible. L’absence d’entretien des mares peut conduire à leur comblement et le développement de plantes invasives comme la jussie (Ludwigia grandiflora (Michaux) Greuter et Burdet) met en péril la flore locale.

Le comité de pilotage, mis en place par  arrêté préfectoral du 13 mars 2009 rassemble de nombreux partenaires qui sont associés à la gestion du site. 

Les orientations de gestion pour conserver la diversité biologique de ces écosystèmes aquatiques sont détaillées dans le document d’objectifs approuvé par  arrêté préfectoral du 21 décembre 2010.

Elles consistent principalement à :

  •  Maintenir la variation du niveau de l’eau pour avoir une diversité de plantes aquatiques ;
  •  Conserver la pauvreté du sol qui favorise une flore remarquable ;
  •  Veiller à faucher la végétation des mares de mi-octobre à février pour ne pas perturber la faune et à faucher en plusieurs périodes pour conserver une diversité des classes d’âge des plantes ;
  •  Conserver un éclairement de la mare favorable à la végétation ;
  •  Maintenir des berges en pente douce pour étaler au mieux la végétation ;
  •  Contenir le développement des espèces invasives ;
  •  Veiller à la conservation du bon état de la qualité de l’eau.

Des premières actions ont été mises en œuvre par le biais de contrats.

La mare de la Noëtte, sur la commune du Fidelaire, se découvre en bordure d’une petite route à l’orée du bois. On y trouve, cas rare dans la région, la Ludwigie des marais (Ludwigia palustris (L.) S. Elliott) mais aussi des lentilles d’eau et de riches herbiers.

Un contrat Natura 2000 (mesure 227 du programme de développement rural hexagonal 2007-2013 du FEADER Fonds Européen Agricole pour le DEveloppement Rural) a été signé en 2012 entre l’État et le propriétaire de la mare pour un montant de 2720 €. Il a permis le curage d’une partie de la mare, le faucardage des joncs et la suppression de saules pour limiter l’enrichissement du milieu et redonner de la lumière à la mare.

 © DDTM 27

La mare de la ligne du Chesne, sur la commune de Marbois, dans une parcelle plantée de sapins de Douglas, a également fait l’objet d’un contrat signé en 2013 pour un montant de 2750 € financé par le plan national d’actions « Luronium natans ». Il a permis l’arrachage manuel des plantes concurrentielles du Luronium, le curage d’une partie de la mare, l’extraction de saules, l’élagage de branches de chênes et le profilage des berges en pente douce.

Mare de la ligne du Chesne avant travaux © F. Drouard

Mare de la ligne du Chesne après travaux en 2015  © DDTM 27

Travaux réalisés en 2013 © DDTM 27

En août 2016, la mare du Vivier 3, sur la commune de Nagel-Séez-Mesnil, a fait l’objet de travaux en régie par le personnel du CRPF pour limiter le développement des joncs et de la glycérie et permettre le développement optimal du Luronium.

D’autres actions devraient être mises en œuvre par le biais de contrats.

L’animation par la CRPF de Normandie faisait l’objet d’une convention financée à 100 % par l’État. Elle fait désormais l’objet d’un marché qui a été attribué au CRPF de Normandie pour la période 2016, 2017, 2018.

Fiche d'identité du site

Liens utiles

Mise à jour des données : juin 2017

Habitats d’intérêt communautaire

Des habitats humides

 - Eaux oligotrophes très peu minéralisées des plaines sablonneuses (Littorelletalia uniflorae) (code 3110-1 ( https://inpn.mnhn.fr/habitat/cd_hab/8699/tab/description)): il s’agit d’eaux peu profondes, pauvres en nutriment, le niveau d’eau varie au cours de l’année, ce qui permet le développement d’une végétation rase aquatique sous forme de fin gazon comme les pelouses à littorelles (Littorella uniflora).

- Eaux stagnantes, oligotrophes à mésotrophes avec végétation des Littorelletea uniflorae (code 3130-2 ( https://inpn.mnhn.fr/habitat/cd_hab/8703/tab/description)) : gazon aquatique à amphibie des rives atterries des mares et étangs. Un habitat très sensible à l’envasement, au piétinement, et à la stabilisation du niveau de l’eau.

- Eaux oligo-mésotrophes calcaires avec végétation benthique à Chara Spp. (code 3140-2 ( https://inpn.mnhn.fr/habitat/cd_hab/8709/tab/descriptionf)) : mares dont le fond est couvert par des tapis d’algues charophytes des genres Chara et Nitella. Les characées, espèces pionnières, jouent un rôle important dans la chaîne alimentaire des espèces herbivores et favorisent la diminution de la turbidité.

- Plans d’eau eutrophes avec dominance de macrophytes libres submergés (code 3150-2 ( https://inpn.mnhn.fr/habitat/cd_hab/8900/tab/description)) et plans d’eau eutrophes avec dominance de macrophytes libres flottant à la surface de l’eau (code 3150-3) ( https://inpn.mnhn.fr/habitat/cd_hab/8901/tab/description)) : ces milieux accueillent des espèces végétales intéressantes et leurs herbiers sont des lieux de reproduction de poissons et des habitats pour les invertébrés. Ces mares risquent de se combler si elles ne sont pas régulièrement entretenues. Elles peuvent aussi être envahies par des plantes introduites comme les jussies ou la jacinthe d’eau.

- Mares dystrophes naturelles (code 3160-1 ( https://inpn.mnhn.fr/habitat/cd_hab/8903/tab/description ))  : petites mares pouvant s’assécher en été dans lesquelles la matière organique s’accumule. Elles abritent une flore rare ou protégée (utriculaires, sphaignes) et accueille les larves de nombreuses espèces de libellules.

-  Prairies à Molinia sur sols calcaires, tourbeux ou argilo-limoneux (Molinion caeruleae) (code 6410-13 ( http://natura2000.environnement.gouv.fr/habitats/pdf/tome4/6410_13.pdf) et 6410-15 ( http://natura2000.environnement.gouv.fr/habitats/pdf/tome4/6410_15.pdf)) : prairies humides à herbes assez hautes que l'on rencontre en bord d'étangs sur des sols acides et pauvres en éléments minéraux.

 - Forêts alluviales (code 91E0* ( https://inpn.mnhn.fr/telechargement/standard-occurrence-taxon)) (habitat prioritaire) : ces forêts se développent le long des berges sur des sols lourds, riches en dépôts laissés par les rivières. Du fait des activités humaines, ce milieu est devenu rare. Pourtant, ce type de forêts préserve la qualité des eaux souterraines en piégeant les nitrates et les phosphates, protège les berges et permet de réguler le débit des eaux.

Espèce végétale d’intérêt communautaire

Document d’objectifs (DOCOB) des Étangs et mares des forêts de Breteuil et de Conches

L’État a confié la rédaction du document d’objectifs au Centre régional de la propriété forestière de Normandie (CRPFN).

DOCOB des Étangs et mares des forêts de Breteuil et de Conches (http://carmen.developpement-durable.gouv.fr/IHM/metadata/HN/Publication/donneesnature/docobNaturaFR2302012.pdf) (attention, le document est volumineux et le téléchargement peut être long).

 La cartographie du site est consultable sur le site de la DREAL Normandie, ( http://www.normandie.developpement-durable.gouv.fr/la-cartotheque-r287.html)