Lancement du 1er réseau professionnel féminin eurois BPW (Business and Professionnal Women)

Mis à jour le 04/03/2016

Discours prononcé par le préfet

Le lancement du réseau BPW Normandie s’inscrit dans le cadre des manifestations liées à la Journée internationale pour les droits des femmes du 8 mars.

Cette année, j’ai souhaité mettre à l’honneur et promouvoir l’audace des chefs d’entreprises femmes qui ont imposé leur talent et leur réussite dans l’Eure.

En matière d’égalité et de mixité professionnelle, il subsiste encore de grandes disparités entre les femmes et les hommes malgré une forte mobilisation pour les réduire.

Les femmes représentent en France près de la moitié de la population active (47,7 %) ; leur taux d’emploi s’élève à 59,7 % contre 68,1 % pour les hommes ; plus de 50 % des femmes sont encore concentrées dans 4 secteurs de métiers (soins et esthétisme, santé, éducation, administration) et 80 % des emplois à temps partiel est encore occupé par les femmes ; 600 € est le montant moyen de la différence de retraite perçue aujourd’hui entre un homme et une femme.Il y a encore 27 % de différence de salaires en moyenne dans notre pays entre les femmes et les hommes.

Enfin 25 % des femmes décrochent de leur emploi à l’arrivée du premier enfant (contre très peu d’hommes).

Comme sur l’ensemble du territoire, un certain nombre de disparités dans l’emploi entre les hommes et les femmes existe dans l’Eure (source INSEE Institut national de la statistique et des études économiques 2014 et Pôle emploi janvier 2016).

Pour les eurois, le taux d’activité des hommes est 77,8 % contre 70,8 % des femmes, soit un écart qui est toutefois plus faible que celui qui est mesuré sur le territoire national.

Les femmes euroises sont plus touchées par le chômage que les hommes. Elles représentent 52,4% de la demande d’emploi (Cat. A, B, C).

Si ces chiffres situent l’Eure plutôt favorablement au-dessus de la moyenne nationale, il n’en va pas de même s’agissant de l’écart salarial entre les hommes et les femmes eurois. Il est en moyenne de 20,5 %. L’écart de rémunération existe dès l’entrée dans la vie active et a une forte tendance à l’aggravation durant la carrière.

En matière d’égalité femme-homme, les actions qui sont promues s’articulent autour de trois priorités, qui correspondent à des enjeux majeurs de transformation de la société.

L’égalité professionnelle

La loi du 4 août 2014, dite « loi sur l’égalité réelle », a renforcé les outils juridiques.Un objectif a été fixé de 40 % de femmes dans les conseils d’administration des entreprises et a été créé le réseau « Entreprises pour l’égalité » pour partager les bonnes pratiques.

En ce qui concerne la mixité des métiers

Pôle Emploi a signé, en 2015, une convention pour développer la mixité des métiers. Monsieur Mohamed SLIMANI, directeur de Pôle Emploi de l’Eure, vous la présentera.

Cinq plans sectoriels comprenant des actions favorisant la mixité ont été signés dans le domaine du transport, de la petite enfance, de l’autonomie, du bâtiment et des services à la personne ;

Par ailleurs, l’école s’ouvre à la diversité des métiers en accueillant des initiatives permettant aux jeunes de mieux appréhender la réalité des différents métiers et leur accessibilité aux filles ;

Enfin, et c’est le sens de cette soirée, l’entrepreneuriat au féminin est favorisé puisque l’on fixe comme objectif un taux de 40 % de femmes parmi les créateurs d’entreprise en 2017. Ce plan a été réalisé en partenariat avec BPI France, France Active, la Caisse des Dépôts et plusieurs réseaux bancaires et chambres consulaires.

En 2011, les femmes représentent 31,4 % de l’ensemble des chefs d’entreprise du territoire.
Les femmes créent principalement des entreprises dans les secteurs dits « traditionnellement féminins ». 93 % des entreprises individuelles créées par des femmes se situent dans le secteur tertiaire, contre 74 % pour les hommes.Elles dirigent des entreprises qui sont, le plus souvent, dans le commerce, les services à la personne et l’hébergement-restauration. Ces trois secteurs regroupent plus de 60 % des chefs d’entreprises normandes. Certains secteurs sont en revanche délaissés par les femmes.

La présence des femmes parmi les chefs et chefs d’entreprises varie selon la situation familiale. Sans surprise, plus la famille s’agrandit, moins les femmes sont présentes dans la direction d’entreprise. Ce qui explique que parmi les chefs d’entreprises ayant trois enfants ou plus, moins d’une personne sur quatre est une femme.

Je tiens à remercier votre réseau qui constitue une organisation non gouvernementale pour l’engagement qui est le sien afin de faire avancer la cause des femmes, ainsi que le CIDFF (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles) pour son travail dans la lutte contre les inégalités individuelles et structurelles qui constituent autant de freins à l’emploi.

C’est grâce à ce type de rencontre, menée sur le terrain, que nous pourrons faire évoluer les mentalités dans le but de doper la croissance et la compétitivité de notre économie.

Je formule également le souhait que ces efforts entrepris par vous, soient relayés dès le plus jeune âge par tous : services de l’État, établissements d’enseignement, services d’orientation, services de l’emploi, syndicats, chambres et entreprises, car la mise en valeur des droits des femmes, célébrés traditionnellement le 8 mars, devrait avoir lieu toute l’année.

Vous êtes aussi, chacune dans vos domaines, un exemple à suivre Mesdames. Votre réussite et vos talents de chef d’entreprise vous obligent à porter auprès de la jeune génération la parole forte et légitime qui est la vôtre pour susciter l’engouement, lever les obstacles et faire prospérer la cause des femmes qui souffre, malheureusement encore, de nombreux présupposés injustifiés et de nombreuses inégalités.

Si la République a pour devise et valeur l’égalité, la première qu’elle doit défendre c’est bien l’égalité des deux sexes qui la constituent. Je vous engage à lui faire accélérer le pas et je suis heureux de venir vous le dire ce soir.

René BIDAL